Un peintre à redécouvrir : Hélène Benois (1898 - 1972) - Éléments de biographie
Hélène Benois : auto-portrait (vers 1925)
La peintre Hélène Benois était la fille du peintre et historien d'art russe, d'origine partiellement française, Alexandre BENOIS (1870 - 1960), qui fut, avec Serge DIAGHILEV, l'un des créateurs des Ballets russes au début du siècle dernier.
Elle naît le 31 mars 1898 à Paris, lors d'un séjour temporaire de ses parents, habituel-lement domiciliés à Saint-Pétersbourg.
Dès son jeune âge, Hélène BENOIS montre, tout comme son frère cadet Nicolas, de réelles dispositions pour le dessin et la peinture. Elle suit des cours à l'atelier de peinture d'Alexandre YAKOVLEV, fondé par la princesse Gagarine, où elle acquiert une connaissance poussée des grands maîtres du passé, et une technique du dessin et du pinceau hors de pair, dans un style s'inspirant notamment de BOTTICELLI.
En 1920, elle émigre en France à la suite de la Révolution russe de 1917 (pendant près de 10 ans, elle habitera dans le XVème arrondissement de Paris, celui de la "colonie" des réfugiés russes, avant de se fixer dans le IXème). Là, son talent s'épanouit encore plus, dans des oeuvres à l'huile, à la gouache et au pastel, d'une facture classique et réaliste (portraits et natures mortes). Elle fait partie du cénacle parisien d'artistes de l'ex "Monde de l'Art" (Mir Iskousstva), exilés et rescapés de la tourments révolutionnaire russe. Rassemblés autour de son père Alexandre BENOIS, il y a là aussi son frère Nicolas, son beau-frère Georges TCHERESSOFF, sa cousine Zenaïde SEREBRIAKOVA, Ivan BILIBINE, Boris CHALIAPINE (fils du célèbre chanteur), Dimitri BOUCHÈNE, Alexandre YAKOVLEV, déjà cité (peintre des croisières noire et jaune de Citroën), etc...
Hélène Benois et Charles Birlé (ancien diplomate français en Russie)
au Lavandou en 1929, avec sa propre voiture
Hélène Benois à Cassis vers 1930
Hélène Benois avec ses deux fils Dimitri et Pierre à Cassis en 1936
À partir de 1935, Hélène BENOIS enrichit sa palette, avec la même maîtrise qu'aupa-ravant, de tableaux d'imagination ayant un sens symbolique profond, à la fois fantastiques et teintés de surréalisme, et ceci sans renier ses amours passées. Elle aime par exemple agrémenter un tableau réaliste de quelques détails assez pittoresques en trompe l'oeil.
Sa notoriété montante, due à des commandes de portraits, lui permet d'organiser une exposition à la galerie ZAK en 1937, dont le catalogue comporte une préface du critique d'art Jean Vautier.
D'autre part, ne terminons pas cette période d'avant-guerre sans mentionner sa partici-pation aux décors théatraux de son père, exécutés pour la troupe d'Ida RUBINSTEIN.
Hélène Benois en 1939
La guerre de 1939 et l'occupation allemande de 1940 - 1944 suspendent les activités extérieures d'Hélène BENOIS, mais celles-ci reprennent après la fin des hostilités, avec notamment une exposition organisée à la galerie André Weil, en 1952, et avec son affiliation à l'Union des femmes peintres, sculpteurs, graveurs et décorateurs, dont elle devient membre du Comité d'organisation, participant ainsi aux expositions montées périodiquement par cette association.
Hélène Benois en 1943
Hélène Benois en 1944, faisant le portrait de son père Alexandre Benois
dans son appartement du 2 rue Auguste Vitu (Paris XVème)
Hélène Benois en 1946 au balcon de ses parents Alexandre et Anne Benois
C'est à cette époque également qu'Hélène Benois se lançe le défit (réussi) d'exécuter une copie du tableau "La Madonne Benois" de Léonard de Vinci. Cette oeuvre se trouve à l'Ermitage de Saint-Pétersbourg et sa présence en Russie pose une véritable énigme (voir l'article L'énigme de la Madonne Benois).
En 1955, elle a l'honneur d'être présente, aux côtés de son père et de son frère, avec trente-cinq de ses oeuvres, à la grande exposition ouverte de mai à juillet 1955 à Côme (Italie) sous le titre "Mostra dei Benois".
Alexandre Benois dessiné par sa fille Hélène en 1950
Hélène et son père Alexandre Benois - Paris - 24/4/1955
Hélène BENOIS décède le 16 juillet 1972.
Après sa mort, un certain nombre de ses oeuvres furent données par ses héritiers au musée de la famille BENOIS, créé en 1988 dans l'un des bâtiments du palais Petrodvoretz, situé en Russie à quelques kilomètres à l'ouest de Saint-Pétersbourg.
Et à propos justement de la famille de cette artiste, on peut ajouter ce qui suit : en 1923, elle avait épousé le compositeur russe émigré Ivan WICHNEGRADSKY, dont elle divorça après avoir eu un fils, Dimitri. En 1927, nouveau mariage avec le poète, également réfugié russe, Alexandre BRASLAVSKY, et la naissance d'un second fils, Pierre. Enfin, après un second divorce en 1939, elle s'unit an 1941 avec le pilote d'avion Rémy CLÉMENT avec qui elle termina ses jours.
Elle repose au cimetière des Batignolles à Paris (XVIIème arrondissement) dans une tombe aux côtés de son dernier mari et de ses deux parents Anne et Alexandre BENOIS.
Texte établi par Dimitri VICHENEY
Dimitri Vicheney en 2011 devant son portrait peint par sa mère (copyright Andreï Korliakov - France)
Vous trouverez ci-contre un diaporama de présentation de quelques oeuvres d'Hélène Benois.